14 FEVRIER C'EST LA FÊTE DE LA SAINT-VALENTIN : Quel est son origine ?
Tous les ans, c’est la même rengaine : à l’approche du 14 février fleurissent les marronniers sur ce que l'on appelle communément, le jour des amoureux : « l’histoire de Saint Valentin, le saint patron des amoureux ». Ce prêtre romain emprisonné serait tombé sous le charme de la fille de son geôlier, alors qu’il attendait son exécution, et aurait échangé avec elle des mots d’amour signés « Ton Valentin ».
« Tout ça, c’est du vent, tranche le sociologue Jean-Claude Kaufmann, auteur du livre d’Histoire Saint-Valentin, mon amour (éditions Les Liens qui Libèrent). Il y a en fait eu entre huit et treize Saints Valentin, et l’un d’eux a célébré des mariages chrétiens à Rome à l’époque où ceux-ci étaient persécutés. Pour cette raison, il aurait été emprisonné, et exécuté un 14 février 270. » Pas de fille du geôlier donc, ni de mots doux pour le martyr chrétien.
Pourquoi le 14 février est la fête des amoureux ?
A l’origine de la fête de la Saint-Valentin se trouve en réalité une célébration libertine, les Lupercales romaines. « C’était une tradition religieuse païenne, explique Jean-Claude Kaufmann. Les hommes parcouraient la ville et fouettaient les femmes sur le ventre avec des lanières de cuir pour les rendre fertiles. » Ces célébrations s’achevant souvent par des bacchanales (des fêtes religieuses célébrées dans l'Antiquité, où les gens buvaient sans limite), les chrétiens cherchent bientôt à y mettre bon ordre.
Au Vème siècle, le pape Gélase Ier entreprend de contrer les Lupercales en mettant en place une fête de purification de la Vierge le 2 février, qui deviendra la Chandeleur, puis une fête de l’amour spirituel la veille des Lupercales, qul'on célèbre le 14 février. En l’occurrence, le jour de la Saint-Valentin.
Quel animal est associé à la St-Valentin ?
Au Moyen-Age, plusieurs carnavals, notamment amoureux, prennent place au mois de février. « Le carnaval est une inversion de l’ordre social, un rituel de célébration, un jour de fête où tout est possible, analyse Jean-Claude Kaufmann. Les carnavals amoureux sont alors des fêtes autour de l’ours, qui a une symbolique extrêmement sexuelle. Les hommes se déguisent en ours, attrapent des femmes et les entraînent dans leur antre, où se déroulent de nombreux viols. Il s’agissait d’une pratique violente et sexiste, mais à l’époque très répandue et impunie. »
Un immense succès aux Etats-Unis
Il faut attendre le XVème siècle pour que la Saint-Valentin prenne un tournant poétique et verse dans l’amour courtois. « Il s’agit d’une domestication de ces rituels violents, qui va les adoucir, souligne Jean-Claude Kaufmann. Ce tournant poétique est initié en France puis gagne l’Angleterre, où se développe une tradition de poèmes et de dessins d’amour, puis de cartes. » En 1840, ces cartes anglaises gagnent les Etats-Unis et rencontrent instantanément un immense succès, au moment où la jeune nation cherche des célébrations nouvelles.
« La tradition de la Saint-Valentin, poursuit-t-il, va revenir en France pendant la Seconde Guerre mondiale, grâce aux soldats américains qui vantent les mérites de cette fête pour séduire les Françaises, en leur achetant des fleurs et des cadeaux. » L’intérêt commercial de la fête n’échappe pas aux fleuristes, papetiers et chocolatiers, mais les années 1950, encore très traditionnelles du point de vue des mœurs, ne sont guère propices à la séduction.
Quels sont les symboles de la Saint-Valentin ?
« La Saint-Valentin change alors de cible pour se tourner vers le couple marié, où le désir de romantisme des femmes est souvent rapidement déçu par le fonctionnement conjugal, raconte Jean-Claude Kaufmann. La Saint-Valentin va alors fonctionner comme un rattrapage symbolique : il s’agira du seul jour de l’année où l’homme doit exprimer son affection. »
Paradoxalement, la Saint-Valentin, qui a toujours été une fête subversive, est donc devenue dans les années 1950 une célébration du couple normatif bourgeois. D’où sa perte de vitesse actuelle. « Il ne tient qu’à nous de réinventer la Saint-Valentin, plaide le sociologue, pour qu’elle devienne la fête de l’amour sous toutes ses formes. Il ne faut pas laisser cette fête sombrer ! Car nous avons, plus que jamais, besoin d’amour. »
Et vous , pour ou contre ?